Petites brèves sur les méthodes d'éducation

La "méthode Montessori" ou comment l'éducation peut servir la Paix

Son histoire

Maria Montessori, féministe engagée, apporta un souffle nouveau et puissant sur l’idée que nous avions à l’époque de l’éducation, même encore de nos jours. Ces débuts furent ancrés dans les lieux où les enfants étaient livrés à eux-mêmes, laissés pour ce qu’ils étaient et non pour ce qu’ils pouvaient devenir. Elle travailla à la clinique psychiatrique de Rome, et créera par la suite une école d’orthophrénie ou l’art de diriger les capacités intellectuelles, en d’autres termes savoir accompagner et aider l’enfant à se révéler et révéler son potentiel.

En 1907, la première Maison pour enfant voit le jour à San Lorenzo, un quartier défavorisé de Rome, pour appliquer la méthode qu’elle a mise au point après ses années d’observations, tout en continuant à la faire évoluer au fil de ses découvertes sur le développement des enfants.
Elle multiplie les congrès et les stages pour promouvoir et transmettre ses principes pédagogiques. Elle crée en 1929, la fondation Montessori Internationale, permettant la mise en place de nouvelles écoles Montessori ou « Maison pour enfants » et la formation des enseignants. Aujourd’hui on compte plus de 20 000 écoles à travers le monde.

Mais malheureusement le fascisme arrivant en Italie, et se refusant à laisser ses écoles devenir des moyens de propagande pour l’invention de l’Homme Nouveau de Mussolini (idée commune aux mouvements fascistes de l’entre deux guerre, avec cette volonté de contrôler totalement l’être humain et de le modeler selon des principes arbitraires), elle part en Espagne et ses écoles sont toutes fermées. L’arrivée de Franco au pouvoir l’oblige à s’expatrier définitivement aux Pays-Bas.

En 1937, elle propose de fonder la Parti social pour l’enfant car l’idée à germer dans l’esprit de Maria Montessori, que « l’éducation est la meilleure arme pour la Paix », l’enfant est le père de l’homme de demain, les enfants sont des vecteurs de changements, le rôle de l’enfant s’inscrit dans le destin de l’humanité. L’éducation doit assurer à l’enfant, pour Maria Montessori, justice, harmonie et amour, englobant son physique et son psychisme afin de bâtir un monde meilleur.

De 1939 à 1946, elle séjournera en Inde comme invitée dans un premier temps puis comme ressortissante italienne au début de la Seconde Guerre Mondiale et sera assignée à résidence. Elle pourra mener quelques formations avec l’aide de son fils Mario.

Elle reviendra en Italie où elle sera réhabilitée et finira ses jours aux Pays Bas en 1952, son fils Mario continuera son travail jusqu’à sa mort en 1982.

Les grandes lignes de sa pédagogie

La base de sa méthode est la liberté d'expression des enfants qui peuvent ainsi nous dévoiler leur aptitudes et leurs besoins. Ce n'est plus à l'enfant de s'adapter à la méthode de l'adulte pour son développement mai c'est à l'adulte de s'adapter pour accompagner et l'aider au mieux le développement de l'enfant sans le contraindre. j'entend par contraindre le fait de supprimer des actions inutiles de notre point de vue mais qui font partie intégrantes de l'enfant et du processus de développement.

L'idée principale et importante c'est que l'environnement de l'enfant doit être favorable à son expression et à la libération de ses compétences, donc adapté à leur taille par exemple, ou limiter le nombre d'objets présents permettant à l'enfant de les localiser précisément.
Maria Montessori déclare que : "stimuler la vie, en la laissant libre de se développer, voilà le premier devoir de l'éducateur. Il s'agit d'aider l'âme qui naît à la vie et qui vivra par ses propres forces".
Le psychisme des enfants est largement présent dans sa méthode, car pour elle, l'enfant disparaît en tant qu'individu devant l'éducation traditionnelle, cette dernière prenant la place que normalement devrait occuper l'enfant.

L'autre point de sa méthode qui en découle est la manipulation des objets. Pour Maria Montessori, rien ne devrait être présenté au cerveau sans être passé d'abord par la main .
L'homme apprend et se développe par l'intermédiaire de ses cinq sens, des notions abstraites doivent parvenir à l'enfant de manière concrètes dans un premier temps afin d'être tenues et explorées.

Maria Montessori théorise aussi grâce à ses observations, les périodes sensibles d'apprentissages, c'est à dire des périodes où l'enfant reste concentré sur une tâche précise. On peut citer la période où il veut marcher et ne s'intéresse plus à ses jouets, ou celle de la coordination des mains, pendant laquelle il répétera des actions jusqu'à réussir à les faire parfaitement comme ouvrir une bouteille.
Comme les adultes, les enfants fonctionnent par essai, jusqu'à aboutir à un résultat. c'est cette concentration et la maîtrise de l'attention que passe l'apprentissage et le progrès.

Enfin, Maria Montessori reconnait quatre plans de développement des enfants selon l'âge:
- 0-6 ans = développemt de soi, explorateur sensoriel
- 6-12 ans = développement de l'être social, construction intellecuelle, lien avec la culture
- 12-18 ans = devenir adulte, explorateur social et humaniste, c'est à dire devenir "plus ou moins indépendant" de sa famille, de ce qu'il connait, découvrir le monde plus largement
- 18-24 ans = adulte mature, période plus calme et focalisée sur ses centres d'intérêts

En résumé dans sa pédagogie, le corps, l'âme (ou le psychisme), les émotions, et la dimension intellectuelle sont prises en compte.

Les tendances comportementales

Pour Maria Montessori nos actions tout au long de notre vie résonnent à travers nos tendances comportementales, c'est à dire nos compétences et aptitudes nous permettant de nous adapter aux situations et à notre environnement.
Le bébé puis l'enfant se développe à travers ce spectre, et en être conscient nous permet de mieux appréhender ses actions et de l'aider.
Dans le livre "Montessori pour les tout petits" de Paula Polk Lilard et Lynn Lillard Jessen, on les regroupe en quatre catégories
- Exploration, ordre, orientation = explorer son environnement suppose de pouvoir revenir à son point de départ (ordre et orientation)
Abstraction et imagination par rapport à ce que nous avons découvert grâce à l’exploration = création
- Passer du rêve à la réalité, rendre concret nos représentations abstraites, en passant par cinq étapes que l’enfant teste dès qu’il s’attèle à une nouvelle tâche : manipulation manuelle, rigueur, répétition, contrôle de l’erreur et perfection
- Communication permettant le lien avec les autres, partager les idées et les pensées, transmettre


Ovide Decroly

Nous n’entendons pas souvent ce nom Decroly et ni parler de la méthode decrolyenne, pourtant beaucoup de parallèle peuvent se faire entre Maria Montessori et Ovide Decroly tant sur les idées que sur leur parcours.

Il fut médecin de formation et de pratique, pédagogue et psychologue belge (1871 – 1932). Il commença en 1898 comme responsable des consultations pour les enfants présentant un trouble de la parole au sein d’un clinique en plein quartier populaire. Il dégagea ses premières idées de l’observation des enfants « irréguliers », comme il les appelle, tout comme M. Montessori.
En 1901, l’institut d'enseignement spécial pour enfants des deux sexes est fondé, il y enrichira ses réflexions et sa pédagogie.
En 1907, l’école Decroly est créée et ouverte aux enfants « réguliers ».

Il cherche comme M. Montessori à faire évoluer l’humanité et cela passe par l’éducation des générations à venir.

« Le jour où l’on aura appris à respecter la vie et tout ce que la vie a produit, ce jour-là, la guerre n’existera plus. »

Pédagogie decrolyenne

Il considère l’enfant de manière globale, en n’omettant pas ses cotés physiques, psychiques et sociaux, tout comme M. Montessori qui inclut le psychisme de l’enfant dans l’éducation.
Decroly lutte pour instaurer un enseignement basé sur la méthode globale. Il participera activement à l’avènement de l’Education nouvelle. En effet, il part du constat que la vison du monde par l’enfant n’est pas spontanément analytique mais que la compréhension est tout d'abord globale en prenant en compte beaucoup d’éléments en même temps.
La méthode consiste à partir des centres d’intérêts de l’enfant pour le faire progresser et acquérir les connaissances lui permettant de faire progresser son entité global, en fonction de son âge
"L’enfant n’est pas ce que l'on veut , il est ce qu'il peut. »

Le même intérêt est porté pour l’environnement des enfants par M. Montessori et O. Decroly. Ce dernier insiste sur le fait qu'il faut comprendre l’enfant est engagé dans un milieu naturel, biologique, familial et scolaire. On ne peut pas séparer un être vivant de son milieu, il lui est indispensable, tel le poisson dans l'eau. Pour l’enfant, le milieu représente une source immense de savoirs, il y trouve les stimulants créant ses besoins et ses intérêts, socle de l’éducation par Decroly. En effet sa pédagogie repose sur les centres d’intérêt de l’enfant, liés à la satisfaction de ses besoins. 

L’organisation d’un programme decrolyen s’appuie sur l’unité de l’intérêt de l'enfant et non pas sur une unité horaire ou de matière. 
L’observation tient une grande part dans la pédagogie. C’est a partir de celle des enfants, de leur question et de leur curiosité que l’enseignant peut les guider afin d’intégrer et de comprendre des connaissances dans des ensemble ordonnés. En d'autres termes, l'enseignant ne fait pas face aux matières théoriques pures, mais à leurs relations dans un "processus de croissance intégrale " de l'enfant, vivant dans un contexte lui faisant ressentir le besoin d'apprendre pour mieux évoluer et agir dans ce milieu.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire