Mais voilà qu'un soir, alors que nous avions passé une journée calme et agréable chez mes parents durant laquelle il n'avait fait que jouer, pleurs et cris ont été mon lot pendant deux heures, avant qu'il ne tombe de fatigue. Aucun câlin ni aucune parole ne le réconfortaient, dès que je quittais la chambre il se mettait à pleurer toutes les larmes de son petit corps et m'appelait. C'était déchirant.
Ce qui a fini par le calmer et lui a permis de s'endormir, ce fut de laisser la porte ouverte avec une lumière allumée dans le couloir, en plus de sa veilleuse habituelle.
Entre ses pleurs, j'ai réussi à savoir qu'il avait peur de dormir à cause des mauvais rêves et des monstres, donc je devais rester là pour le protéger.
C'est ainsi que la peur du noir a commencé.
Mais cette peur cachait un mal-être après avoir regardé un dessin animé le matin "Lilo et Stitch", bien qu'il ait insisté pour le regarder.
Après quelques jours en ayant dormi avec une lumière dans sa chambre et avoir parlé avec moi pour extérioriser ce qui lui faisant peur, être rassuré de ma présence et de ma protection, il m'a demandé de lui même d'éteindre la lumière pour dormir. Grosse victoire !
Mais tout n'est pas gagné, car cette peur peut resurgir...
C'est quoi la peur ?
Lorsque nous recevons un stimulus extérieur, notre organisme passe par une phase de "choc", avec production de différentes hormones par l'amygdale (zone à la base du cerveau), adrénaline et neurotransmetteurs. Cette zone du cerveau est dévolu à la compréhension des émotions et déclenche une cascade de réaction (augmentation de la fréquence des battements du cœur, du rythme de la respiration et le taux de sucre dans les muscles). La peur permet à un individu de fuir ou de se défendre, d'éviter ou de prévenir les dangers.
La sensibilité à la peur est variable en fonction des enfants et de leurs tempérament, certains enfants sont plus craintifs de nature que d'autres.
L'enfant doit passer par toute une gamme de peurs pour apprendre à les maîtriser et savoir s'adapter et affronter les nouvelles situations. La peur est donc partie prenante de son développement. Elle lui permet d'augmenter la capacité de mémorisation du danger. Mais il faut les accompagner dans cet apprentissage.
La première peur qui apparaît chez nos enfants est la peur de la séparation, lorsque l'enfant prend conscience pleinement de son entourage et des nouveautés, de ses nouvelles capacités et expériences. Cette peur se prolonge par la peur de l'abandon, de se retrouver seul ou loin de ceux qu'il aime. C'est à partir de cette peur que la confiance en soi et l'estime de soi (connaitre ses valeurs) se construisent en partie.
La peur est une émotion inconsciente qui se manifeste lorsque nous sommes face à une situation nouvelle ou anxiogène, mais aussi lorsque nous sommes fatigués ou dans un état de faiblesse.
Elle fait patrie de nous toute notre vie mais nous devons donc apprendre à nos enfants à dompter toutes leurs peurs, les apprivoiser et s'en servir pour grandir en étant plus fort.
Petit tour d'horizon des peurs de nos enfants
Il y a trois types de peur principales
- les peurs transitoires = proviennent du mélange de la réalité et de l'imagination des enfants. ils n'ont pas encore conscience de la différence entre les deux. Elles peuvent venir de livres ou dessins animés que l'on a vu. Elles marquent le développement de l'enfant et sont normales.
c'est ce qui s'est passé avec mon petit ange et le dessin animé.
- les peurs acquises = elles se réfèrent à des situations déjà vécues par notre enfant, comme le docteur ou la peur des chiens, la peur des disputes si il y a des tensions familiales. J'ai vécu et vis encore ce dernier cas, il a peur des bruits forts, des gens qui parlent fort ou d'une manière énervée, il a peur de tout ce qui lui rappelle ce qui s'est passé quand notre "famille" a volé en éclat.
Ces peurs peuvent aussi témoigner d'un manque de confiance ou d'estime de soi (cf. article)
- les peurs par imitation = nos enfants sont de vrais éponges même au niveau de nos réactions. Donc si nous montrons de la peur vis à vis d'une situation ils manifesteront aussi de l'anxiété et de l'angoisse pour ces mêmes situations. notre enfants décrypte aisément les tensions tonico-inconsciente, c'est a dire la tenson de nos bras si nous le portons ou la contraction des muscles de notre visage.
Quelques idées pour les aider à surmonter leurs peurs
L'attitude la plus importante c'est de prendre au sérieux toutes les peurs de nos enfants, des plus banales au plus étonnantes, même si elle paraissent non fondées. Car si on ne comprend pas la peur (en étant adulte) la peur est réelle pour notre bout'chou et l'état de souffrance qui en résulte est réel aussi. Si il ne faut pas banaliser sa peur, il ne faut pas lui donne corps non plus, il faut trouver le juste équilibre. Ce que l'on peut lire sur les "produits anti-monstre" à faire ou à acheter (petit pulvérisateur à l'image du montre qui terrorise notre enfant) est une bonne idée sur le coup... Mais cela peut aussi provoquer une véritable phobie, en faisant prendre vie à la peur. Avoir un outils contre les monstre signifie, pour l'enfant, que le monstre existe réellement...!
Il faut garder son calme face aux peurs de nos enfants et non avoir peur de leurs peurs.
Enfin il ne faut pas les "surprotéger" car cela donnerait beaucoup trop de corps à la peur et provoquerait l'effet inverse, notre enfant n'arriverait pas a passer au-delà de celle-ci.
- Ecouter ce que notre enfant a à nous dire concernant sa peur
- Poser des questions sur sa peur, essayer de la remettre en question sans la minimiser
- Il faut mettre des mots sur sa peur et ses émotions, on doit le rassurer
- Le dessin est très intéressant dans ces moments là, si les mots ne parviennent pas à décrire la peur ou si l'enfant n'est pas capable de les trouver.
Les jeux d'imitations et les déguisements sont des possibilités pour apprivoiser les peurs : rejouer une situation qu'il lui a fait peur ou inventer des histoires dont il peut tout contrôler, en être le héros.
Si la peur survient au moment du coucher, avec la peur du noir, des cauchemars ou de s'en dormir, il faut instaurer une routine au coucher, ne pas trop le stimuler avant l'heure de dormir. On peut aussi "visiter" sa chambre avec lui pour voir qu'il n'y a pas de monstre ou voir si des objets lui font peur, quitte à changer de place des meubles ou la déco. Sa chambre doit être un endroit de protection et de sérénité. Sinon vous ne pourrez jamais le coucher ^^
Donner confiance à votre enfant et augmenter son estime de lui pour qu'il se rende compte qu'il est capable de maîtriser ses peurs et de les affronter.
C'est ainsi que notre petit homme grandit...